4.2.14

A tale of Swords and Waves - Epilepto IV




Epilepsie en terre du Milieu : NEURONIR a vu quelque chose

Pour les retardataires,

le
CHAPITRE I 
le
CHAPITRE III
ici
http://etunpeudeneurologie.blogspot.com/2014/01/a-tale-of-swords-and-waves-epilepto-iii.html



CHAPITRE IV

Dans le chapitre précédent nous avons laissé Barde somnoler. Retournons voir Neuronir en haut de sa tour de guet. La nuit est calme, et comme nous l'avons vu dans le chapitre I, il égrène les "riens" au rythme de huit "riens" à la secondes en modulant sa voix, c'est-à-dire selon un rythme alpha.



Soudain, au milieu des ombres projetées par les torches sur les pierriers en face de la tour, Neuronir, croît voir quelque chose et hurle "ORCS". Sa réaction a été réflexe. Neuronir, pas plus qu'aucun Tibourgeois, n'a jamais vu d'orcs. Il n'est même pas sûr de savoir si un orc est plutôt un animal, un végétal ou une boule de fumée. Mais la peur instinctive, et le conditionnement des guetteurs, a été le plus fort : un évènement inconnu lui a fait hurler "ORCS".

Ça s'est passé en plein milieu de la nuit, personne n'a entendu Neuronir, car la nuit dans une tour personne ne vous entend crier. En même temps qu'il hurlait, Neuronir s'est rendu compte que le mouvement qu'il avait cru déceler n'était probablement que le jeu des ombres projetées par les flammes sur le sol. Il reprit quasi instantanément sa litanie de description de "rien" à 8 Hz.

Le lendemain matin, alors que Neuronir égrainait tranquillement ses "cailloux, rochers, cailloux, cailloux..." À plus de onze mots par seconde, en rythme bêta, il a de nouveau l'impression qu'un caillou bouge. Comme précédemment, son conditionnement de guetteur prend le dessus et il crie de nouveaux " ORC" ! Avant de comprendre qu'il ne s'est rien passé, à part peut être un lézard qui a disparu sous un rocher.

Malheureusement, cette fois-ci, tout le village de Tibourg est éveillé !

Les premiers à avoir entendu Neuronir hurler sont trois péons inoccupés en bas de la tour. Ils répètent : "orcs" ? À peine, leur question formulée à haute voix, un groupe d'une dizaine de bûcherons les entendent et répètent "ORCS" ?

Une dizaine de bûcherons qui parlent, ça s'entend dans tout Tibourg; et quand en plus ils prononcent le mot "ORCs" qui représente tout ce qu'un tibourgeois peut concevoir comme mal absolu, cela provoque une vague de clameur qui se répond dans tout le village : "OOOORRRRCSSSS" ! Avant que la clameur ne retombe, chacun étant pétrifié par l'horreur de la situation.

Au fur et à mesure que cette clameur se calme, on entend de nouveau la litanie de Neuronir égrenant les cailloux. Neuronir aimerait rassurer ses concitoyens, leur dire qu'il n'y a rien, mais il ne peut pas, la loi est stricte, il doit égrener ce qu'il voit. Neuronir sait qu'il est dans une situation impossible, mais est coincé par son devoir.

Neuronir, est stressé, il vient d'effrayer tout le monde avec son cri inutile et sa fausse alerte. Il se concentre, il sait qu'il n'a pas le droit de se tromper à nouveau. Il scrute son environnement avec toute la concentration dont il est capable. Il est à cran ! Il regarde et là, il a l'impression que de nouveau, quelque chose bouge. Il lutte contre son conditionnement. Sans s'en rendre compte, il a arrêté de décrire son environnement et marmonne dans sa barbe sans que personne ne puisse l'étende. Pas de doute le caillou bouge, et il hurle à nouveau :"ORCS" ! Les péons sont de nouveau effrayés et la même clameur se fait entendre dans tout Tibourg avant de retomber. Le caillou finit de rouler, et Neuronir, voit que c'est le même lézard qui s'est déplacé pour trouver une place plus confortable au soleil.

Neuronir est accablé ! Il se sent mal, angoisse, ne sait plus où il en est et, finit par avoir un coup de folie ! Il crie : "ORCS ORCS ORCS ORCS ORCS" puis rigole comme un aliéné pendant plusieurs secondes avant de se ressaisir. Les tibourgeois n'ont pas réagit cette fois. Ils ont compris que Neuronir était devenu fou. Peut-être qu'il faudra le sanctionner en... L'éliminant !

Le Barde. Le Barde dormait lors du premier cri de Neuronir. S'il avait été éveillé, il aurait noté sur ses parchemins, le rythme alpha habituelle à 8 cycles par seconde. AU moment du cri, il aurait sans doute tressaillit, son sa plume sautant sur la feuille, pour dessiner une pointe. Une pointe, pour Barde est un nouvel élément graphique ou grapho- élément.

Voici ce à quoi aurait pu ressembler son parchemin : un rythme alpha, une pointe, et de nouveau le rythme alpha.






Lors du deuxième cri, le Barde était réveillé. Il était toujours dans la taverne. Les sons qui lui parvenaient étaient donc la somme du monologue de Neuronir et celle du brouhaha peu intense des la foule. Lors du cri, le barde dessine une pointe. Immédiatement après, le Barde entend la clameur de la foule qui monte lentement, atteint un maximum et redescend. Puis, lorsque la clameur ne couvre plus la voix redevenue normal de Neuronir, il réentend la litanie à plus de 11 cycles par seconde.

Son tracé ressemble donc à ça : un rythme bêta, une pointe, un grand demi-cercle qui ressemble à une onde, qu'il va appeler... Onde, puis la réapparition du rythme de fond à 11 cycles par secondes.



Lors du troisième cri, les choses sont quais identique, si ce n'est qu'avant son cri, Neuronir a parlé moins fort en marmonnant dans sa barbe. Un peu comme s'il accumulait de l'énergie pour crier plus fort (ce qui est comme on l'a vu faux, mais c'est ce que pense Ble arde). Le mot accumulation n'étant pas joli, le Barde va parler de recrutement (il a été D.R.H. dans la Série Donjons dans une autre vie).

Son tracé montre donc, le rythme de fond, le recrutement, la pointe, l'onde, et la réapparition du rythme de fond.

Enfin lorsque Neuronir devient tout fou, le Barde transcrit ce qu'il entend par une série de cinq pointes successives, puis d'un truc irrégulier et peu ample, en enfin par la réapparition du rythme de fond. Le Barde a bien compris que si Neuronir a hurlé "ORCS" cinq fois de suite, c'était pour évacuer la tension qui s'était accumulée en lui. Il décide d'abord d'appeler le phénomène le phénomène décharge puis bouffée et finalement décide que qu'en deçà d'une durée d'une demi seconde ça sera une bouffée et au delà une décharge.


Résumons nous :

  • On a découvert les deux Grapho éléments fondamentaux de l'EEG : pointe et onde
  • La pointe est un élément bref, intense (on dit ample), inhabituel et non physiologique. Il ne correspond pas à une réalité de perception, mais à un phénomène généré anormalement par un neurone. Une pointe peut être isolée (comme dans le premier cas), suivie d'une onde (comme dans le deuxième cas), précédée d'un phénomène de recrutement (comme dans le troisième cas) ou suivie d'une autre pointe (comme dans le quatrième cas).
  • L'onde, est un élément, long, souvent intense, pas plus physiologique que la pointe. Elle ne correspond pas non plus à une réalité , mais à une phase de réaction des neurones environnants. Si l'onde est associée à une pointe, l'onde vient toujours après.
  • Les grapho éléments sont indépendants du rythme de fond.
  • Si vous regardez bien le dessin, une onde, à coté d'une onde, à coté d'une onde... ça fait un tracé qui ressemble comme deux gouttes d'eau à un tracé lent thêta ou delta. Ceci n'est pas un hasard, le phénomène biologique est le même, une activité de réaction anormale des neurones.
  • La succession de pointes ou d'ondes, sans retour à la normale, se nomme bouffée si elle dure moins d'une demi-seconde, ou décharge si elle dure plus.
  • Pour simplifier les choses, en cas de successions de pointes, on parle de polypointes


Dans un compte-rendu d'
EEG vous verrez donc :


  • tracé de fond à N cycles de secondes dans la fréquence X (alpha/thêtat/delta...)
  • +/- présence de grapho éléments pathologiques à type de (pointes/pointes ondes / polypointes ondes),(isolée/groupée en bouffées / réalisant des décharge), dans les régions (noms des électrodes / nom de la région du cerveau / hémisphère / diffuses)
  • évocateur de... Ben, on verra ça au prochain épisode.



ACCESSOIREMENT : BRAVO !  
VOUS VENEZ DE DÉBLOQUER UNE NOUVELLE COMPETANCE : 
LIRE ET COMPRENDRE UN COMPTE RENDU D'EEG.

Si vous voulez en savoir plus, cet article fait partie de la collection suivante :

et dans la collection